Azadeh Yavari nous montre sa paisible maison familiale d’enfance entourée par des montagnes; avec ses pièces, ses coins tranquilles, ses terrasses, ses fenêtres, ses rideaux aux motifs arabesques et son beau jardin persan. Empreinte des événements tragiques de son pays; la guerre et la révolution, Azadeh Yavari imagine un espace-temps différent dans son travail artistique. Les couleurs et les objets changent, ses perspectives évoluent : les frontières entre l’intérieur et l’extérieur, le dehors et le dedans, l’ombre et la lumière, le jour agité et la nuit calme, le manifeste et le caché s’estompent. Toutefois elle garde des lignes, des seuils, des tissus, des rideaux plus ou moins légers, un peu pour distinguer, surtout pour protéger: voiler et refouler la réalité au pays où le voile est imposé. « Une quête de paix et sérénité contre la violence et pression sociale ».

Les «Femmes sans visage» d’Azadeh ne sont pas des femmes sans identité. Ce sont des femmes exemplaires, témoins toujours et actrices parfois de leur histoire et de leur temps. Elles s’expriment d’abord par leur posture, ensuite par le cadre dans lequel elles sont présentées. A quelques exceptions près, elles sont toujours seules, pensives, contemplatives, nostalgiques et rêveuses. Mais elles ne sont jamais passives ni soumises: Elles pourraient même choisir d’échapper à la pesanteur du réel avec violence et disparaître en un instant, laissant juste une paire de chaussures au bord de l’eau. Le «dehors» ici, plus que «le monde» et « les gens», c’est la Nature, réparatrice et libératrice : le ciel bleu au-dessus des montagnes majestueuses d'Alborz, de beaux et vieux noyers, d'imposants platanes aux «mille et une feuilles», et des prés à perte de vue, avec leurs hautes herbes que le vent fait danser. Texte par Nouchine d'Hellencourt
 

C'est le miel de l'arbre qui va parfumer la fleur.
Il est le soleil intérieur de l'arbre.          Gaston Bachelard
 

Azadeh Yavari, est une artiste peintre iranienne, diplômée de peinture et de dessin de l'École nationale supérieure de Beaux-Arts de Paris en 1977 et 1980. Elle a fait l'objet de très nombreuses expositions individuelles ou collectives en France, et en Iran. Azadeh a obtenu un premier prix lors de la première biennale de peinture, au musée d'art contemporain de Téhéran en 1991. Ses travaux font partie de la collection permanente du Musée du Cantal, Musée d'art moderne et contemporaine de Palestine, et de la collection : Louis Aragon. Les œuvres de Azadeh Yavari sont collectionnées par des collectionneurs d'art en France, en Iran et aux États-Unis.