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Farhad Ostovani

Exposition : La tulipe blanche

27/09/2019 au 26/10/2019

Boire du vin, courir les filles comme des tulipes...
Omar Khayam, Rubayat
J’ai assisté à l’ouverture d’un sarcophage. Ou plutôt, pour être moins grandiloquent et plus précis, à l’ouverture d’une boîte en carton qui contenait les restes d’une tulipe. Des restes séchés dans une boîte à chaussures, que Farhad Ostovani avait tenu à garder comme des reliques, ou une preuve de son travail d’après nature, après avoir peint la fleur une dizaine de fois. Sur des feuilles de papier vergé dont il avait acheté une liasse ancienne, un peu fanée, un peu jaunie. Mariage de 1809, peut-on lire sur l’une d’entre elles, où l’écriture s’accorde à la fleur jusque dans ses arabesques, et son encre désormais brune.
Infiniment moins vive qu’en pleine terre, moins sage que sous les bandelettes réparatrices des herbiers, moins raide que sur les blasons et les drapeaux où elle est faussement éternelle, la tulipe est devenue une mélancolie colorée.

Farhad Ostovani travaille en musique, et les Variations Goldberg lui ont inspiré une suite de dessins mémorable, dans laquelle des feuilles sont des notes, sur des branches qui sont des portées. Mais je me demande si Goldberg, ou Diabelli dans le cas de Beethoven, ne jouent pas le rôle d’un souvenir écran, et si le goût des variations ne vient pas de plus loin, pour tout dire des Rubayat d’Omar Khayam. Car les quatrains fameux de l’astronome sont des variations sur quelques thèmes, dont la tulipe et le raisin. Or Farhad Ostovani, on ne sera pas étonné de l’apprendre, a peint une centaine de fois des grappes de raisin en passant des couleurs claires aux couleurs sombres (du raisin italien associé aux Variations en ut de Mozart, et peut-être secrètement aux « mille e tre » de Don Juan, voire aux rêves évanouis de Bacchus) avant de céder à la fascination des tulipes. On peut donc se répéter, à condition de se répéter comme Bach, et d’être fidèle à ses
impressions d’enfance. Texte par Gérard Macé

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